jeudi 30 septembre 2010

L'étrangère 2

Chapitre 2 : Marina...

Chaque jour ou presque, Marina Skozy se rend sur le chantier, son mari lui a dit que les travaux étaient commencés. Elle regarde cette terre mauvaise, retournée, ce terrain dévasté
C'est ici que va se tenir sa maison
C'est ici qu'elle va habiter, vivre, dormir... Etre
Elle regarde et a du mal à s'imaginer quelque chose dans cet endroit. Elle a toujours eu du mal à imaginer, à se représenter les choses..
Elle se dit que cela semble bien petit pour devenir une maison.
Mais elle vient, elle s'interresse
Parfois elle est toute exaltée, désireuse que les travaux se terminent pour aménager enfin, puis l'enthousiasme retombe, vite, trés vite, trop vite. Elle se dit qu'il en est fini de sa liberté, que celle ci s'en est allée pour toujours !

Marina Skozy est triste, vidée, lasse, elle va mourir ici, sur cette terre qui n'est pas la sienne, qui ne sera jamais sa terre, une trop mauvaise terre, parmi ses gens qu'elle déteste et qui le lui rende bien.
Finir ses jours dans cet endroit hostile ! En territoire ennemi. Cette pensée la hante..

Elle n'a même pas pris garde qu'ici elle n'est pas seule, ces autres qu'elle n'aime pas au point de les ignorer, ils sont là aussi. Marina ne les a pas vu. Ils sont là, déjà installés sur cette mauvaise terre dont ils ont déjà pris possession, avant elle, qu'ils ont déjà investi, dont ils se sont déjà rendus maîtres...

Marina Skozy réalise bientôt avec stupeur qu'elle ne sera pas seule ici. Elle le savait bien sûr, mais avait oublié, refoulé cette idée de voisinage, un mot qu'elle déteste, les autres, encore ceux là ! S'ils pouvaient ne pas être
Les autres, avec qui il faudra vivre, composer, voir, échanger
Cette idée la révulse
Marina Skozy desteste cette idée, dire bonjour, il fait beau, il pleut, ces évidences banales qui font que les gens vivent en bonne intelligence.
"Tu parles"
Elle sait que c'est faux, mensonges, tromperies, illusion et mascarades
Il y a bien longtemps qu'elle s'est affranchie de tout ça, de ces règles sociales, de ces bétises. Marina Skozy n'est pas aimable, car elle l'a choisi, elle n'a pas envie de souhaiter le Bon Jour a des gens dont elle ne se soucie pas, qu'elle ne connait pas et qu'elle n'a pas envie de connaître. Qui ne l'interresse pas;
Les gens, elle les a suffisamment vu. Ils ne l'interresse pas. Elle sait pourquoi
Les voisins on ne les choisit pas, c'est comme sa famille, ou ses collègues, il faut les supporter, elle n'a plus envie de tout ça.
"S'ils ne disent pas bonjour, c'est tant mieux, je n'ai pas à répondre. "

Marina Skozy se retourne et voit une femme, une femme voisine, sans doute, celle qui a la maison là, un peu plus haut, vite, elle se détourne ne voulant pas croiser son regard, engager une éventuelle conversation, dire des choses, parler d'elle, répondre à des questions, dire, entendre..
La vie des autres ne l'interresse pas
"Ils ne pensent qu'à se plaindre ou à se vanter"
Les autres qu'ils s'en aillent au vent...

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