samedi 27 novembre 2010

L'étrangère 11

Chapitre : L'étangère 11

-« Mais elle se fiche de moi ! tu te rends compte, tu as entendu ! »
-« Qu'est ce que tu racontes ? C'est peut-être vrai, elle n'entend rien, il n'y a que toi pour te faire de telles idées »

Des idées ! Marina Skozy ne se fait aucune idée ! Des faits, seulement des faits, qu'elle essaie de comprendre, d'interpréter, car c'est pour le moins curieux, insolite

-« Tu ne vas quand même pas me dire qu'une voiture qui tous les jours je suppose se préte à ce manège ce n'est pas bizarre ? »

Marina Skozy essaie de mettre en scène un scénario possible, sans que quoi que ce soit paraisse possible, plausible, cohérent !
Décidément la vie des autres renferme mystère et surprise !

Pourtant bien décidée à éclaircir cette affaire, elle se résout à sortir de sa maison, à aller voir, explorer ce quartier qu'au fond elle ne connait pas vraiment. Elle ne sait même pas qui se trouve dans les rues voisines.
Elle n'y est jamais allée, même pas en voiture.

Alors elle s'habille... Cette sortie n'est pas facile. Non, elle n'aime pas être vue. Cela ne la dérange pas de sortir dans la ville, d'aller et venir, mais pas à l'endroit où elle vit. Elle ne sait pas trop pourquoi, mais elle traine cette peur là, depuis toujours, elle refuse qu'on sache qui elle est, qu'elle vit là. Une sorte de peur d'être reconnue.
Re connue, encore faut il être connue ?

Elle sourit, Marina Skozy n'est pas connue ici, elle le sait, alors pourquoi ? C'est grotesque !
Etrangère elle est ! Et veut le rester, sans nul doute.
Cette étrangeté là la protège du tout venant, de l'autre ordinaire, du regard de cet autre là, qui l'enveloppe et la terrifie !
C'est cela !
Le noeud ! la terreur, la peur. Ce dehors étranger, sortir de son cocon protecteur. C’est ça sûrement qui l’effraie. Mais peut-être pas, c’est sûrement plus complexe que ça.

Marina Skozy remet alors à plus tard ce projet, qui se dit-elle ne lui apportera aucune véritable réponse.
Les jours et les nuits passent, sans que rien ne se passe, dehors…Elle reste là chez elle, vaque à ses occupations, pense, rêve, reste seule parfois devant ses murs blancs, à regarder les quelques passants qui vont et viennent. Prisonnière volontaire de cette maison ?
Une maison sur cette mauvaise terre, mais une maison qu’elle semble aimer. Cette maison l’aime t-elle ?

Les autres ?
Marina Skozy a tenté à de multiples reprises de nouer des liens, de les rencontrer, d’aller vers eux. En vain ! Un milieu provincial étriqué où tout le monde se connaît depuis des générations, des liens qui se donnent en héritage, des liens génétiques presque, héréditaires.
Dans ce monde là, il n’y a pas de place pour l’autre autre, l’étranger, qu’il soit du village voisin ou de l’autre bout du monde !
On s’exclame de l’exotisme de la ville d’Afrique avec laquelle cette minable ville est jumelée. Mais juste lors des échanges… Pas plus, sûrement pas plus !
On ne veut pas de l’autre, de celui qu’on fait autre, puisqu’il est d’ailleurs, un ailleurs qu’on ne connaît pas. Mais un ailleurs improbable, un autre qui vient prendre forcément quelque chose dans cet ici que ceux qui ne sont pas eux, d’ailleurs, n’auront pas alors.
Un autre qui leur nuit. Qui leur vole, qui leur prend !
Un autre dangereux, un ennemi, potentiel, éventuel.
Un autre qu’il convient d’éliminer, de décourager, pour l’amener à partir… Encore

Marina Skozy a vite compris le message ! Pas vraiment de gants pour le lui faire passer ! "Vous n’avez rien à faire ici, pas de place, toutes les places sont prises ! Et s’il en reste, elles ne sont pas pour vous, mais pour les enfants de ce pays
Partez ! "

Lorsqu’elle travaillait encore elle a bien essayé de s’insérer, d’offrir ses compétences son savoir. Mais nul n’en n’avait besoin !
Qui était donc cette femme étrangère, au nom et à l’accent pas d’ici ! Qui voulait, qui prétendait à une place ? A un savoir ? A exister ? A une vie ?
Marina Skozy en a souffert peut-être ? Elle se dit que c’est plus complexe que ça. Une vie qui s’achevait un peu avant l’heure, elle avait encore tant et tant de choses à apprendre, à donner, à vivre !
Mais de tout cela, Marina Skozy ne parle pas. Jamais
De tout cela Marina Skozy ne dit mot
Marina Skozy a élevé un mur de silence.
Un mur blanc, comme celui de sa maison.
Il lui reste pourtant tant à donner, à vivre !
Vivre…
Quelle idée aussi de s’enfermer dans un tel carcan. Une sorte de suicide, car consciente et responsable, et puis cet «à quoi bon » qui finalement a eu raison de son ambition, de sa volonté, de son désir de son en vie…
En vie !
Marina Skozy est en vie, mais n’a plus vraiment envie…
C’est là, le nœud, comme éteinte, comme si la flamme, celle qui contre vents et marées l’a maintenue hors de l’eau, l’a fait vivre survivre dans cet univers soit disant hostile… Comme si cette flamme était mise en veilleuse… Pas vraiment éteinte, mais chancelante.
Marina Skozy parfois écoute un morceau de musique de son pays, ferme les yeux et pense à cet avant où elle ‘était quelqu’un. Se dit que si… Elle avait pu su fermer un peu plus les yeux alors, elle les aurait grand ouverts aujourd’hui ? Qui sait ?
Quand elle LES voit parfois à la télévision… Elle se dit qu’elle aussi elle aurait sûrement eu sa place au soleil, et pas sous le soleil noir de la répression… Pourtant ?
Marina Skozy ne sait pas si elle n’a pas su saisir sa chance, si elle n’a pas su négocier le virage, ce virage auquel elle ne s’attendait pas vraiment. Qui ne lui a apporté ni le bonheur, ni l’espoir.
Espoir ? Ce mot n’a pas vraiment de sens, et n’a jamais vraiment fait partie de son vocabulaire.

Alors cette vie des autres, cette voiture qui passe, qui s’arrête, lui donne de l’en vie, rallume un peu cette étincelle de vie qui sommeille au plus profond de son être.
Marina Skozy se sent renaître un peu.. Retrouve ses vieux réflexes, endormis eux aussi, a envie de savoir, de savoir qui. Qui et Pourquoi ?
Mais pour quoi ? Et pour qui ?
Qui cela interresse t-il ?
Elle sourit, rit, s’esclaffe… Réminiscence d’un passé pas enfoui , pas en fuite, mais bien présent
La vie des autres est garante de la sienne.
La vie des autres est garante de sa, non de LA sécurité, la sienne ne vaut rien, ne sert à rien…

mercredi 24 novembre 2010

Il dit

Il dit que ses mots doivent être dits
Dits, parlés, chantés
Seulement !
Il dit que ses mots écrits doivent être dits
Pas être lus
Que ce n'est pas pareil.
Que ses mots sont des paroles qu'il lui faut coucher sur le papier
Pour l'éternité...
Pourtant ses mots ne doivent pas restés figés, gravés.
Ils doivent chanter, bouger, parler.
Il dit que ses mots doivent être dits, chantés, parlés


Qu'ils sont un refrain...
Poéte de l'instant, du moment
Instantané, spontanéité, oralité
Il dit que ses mots doivent être pris, saisis
Par la pensée
Pour être racontés
Dans un tourbillon
Qu'ils doivent s'envoler...
Sans peut-être être rattrapés !

mardi 23 novembre 2010

Voyage

Voyage
Un mot magique, un mot tragique
Un mot qui s'envole, qui nous prend et nous surprend
Je voyage ou pas
Dehors ou au dedans
Je pars ou je ne pars pas
Voyage

Eternel voyageur
Passeur de vie
Passeur de rêves
Par çi par là
Pour ci pour ça
Je rêve ou je ne réve pas
Voyage

Voyageur sans bagage, je ne m'attarde pas,
Je passe et je rêve
Je ne suis que de passage
Et je ne suis pas Sage
Voyage

Je ne suis pas d'ici, je ne suis pas d'ailleurs, je suis ce que je suis
Mais ne sais pas d'où je suis
Voyage.....

lundi 22 novembre 2010

Offrandes

A vous, à toi
Qui me voit, qui me regarde
Qui m'aime et me capture
L'instant d'un cliché...
Je te donne, je t'offre
Ma beauté, mes couleurs, ma tendresse, ma fragilité, mon amour...

dimanche 21 novembre 2010

Les derniers jours d'Eva Korb 2

Chapitre 2 : A la maison


Eva korb pleure tout le long du chemin, les larmes coulent, difficilement, mais elle pleure, ça fait du bien, elle pleure sur elle même, sur sa solitude.

Eva Korb ne manquera à personne, peut-être même pas à son chat...

Elle a hâte de rentrer chez elle, de retrouver sa maison, elle ne l'a jamais aimé aussi fort, il lui semble que ces quelques pièces sont un hâvre de paix, une sorte de cocon où elle sera bien, en sécurité. Pour combien de temps ? Mais qu'importe !

Eva Korb a envie de s'y enfermer, de fermer portes et volets, de se cloitrer dans cet intérieur, dans ce monde clos qui est le sien, sa dernière demeure !
Elle frisonne.

Sa maison...Enfin, jamais le temps ne lui a semblé aussi long, elle à tellement hâte !
Enfin ! Elle est arrivée. Il est plus de quatorze heures !
Elle n'a même pas faim, elle nourrit son chat, le prend dans ses bras, et pleure
Eva Korb va mourir

Alors elle essaie de mettre ses idées en ordre, se demande si elle a peur, vraiment peur, et peur de quoi ?
Rapidement elle fait le tour de sa vie, de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle fait
Jusqu'ici la mort ne lui faisait pas peur, pas spécialement, elle déclarait même crânement que la mort ne lui faisait pas peur, elle l'a toujours considéré comme une délivrance, une sorte de end game...Où elle serait enfin en paix !

Eva Korb n'est pas croyante, elle a pourtant essayé, mais rien n'y fait, trop complexe, trop contraignant pour elle
Elle s'est promené à travers les religions, tenté de retrouver celle de son origine, de son peuple, en vain !
Eva Korb ne croit en rien ni en dieu, au pluriel ou au singulier, ni au diable avec ou sans s
Elle ne croit pas plus en la vie et en la mort, n'explique rien par les miracles et considère que la science a bien des limites.
Eva Korb pense qu'après la vie il y a la mort et que la mort est un vaste continent vide, où il n'y a rien.
Une sorte de vide. Une fois la vie partie, le corps s'en va. Une âme ? Ce mot complexe lui pose cependant question. Eva Korb a une âme, un esprit, une sorte d'inconscient qui devient conscient parfois.. Mais que l'âme survive ?
Elle espère bien que non, cette idée de cycle, de réincarnation infernale la terrifie, un puit sans fond...Sans issue
Une condamnation à perpétuité.. Eva Kork est terrifiée à cette pensée !
Eva Korb pense qu’après la vie il y a la mort, et qu’après la mort il n’y a rien. Il n’y a donc pas d’après.
Cette pensée la console, la conforte un peu. Si peu, aujourd’hui.
Elle prend son chat et pleure...
Elle n'a envie de rien..
Toutes ces considérations métaphysiques ne la réconfortent pas. Elle regarde par la fenêtre, son jardin et pense soudain qu'elle ne verra pas revenir les beaux jours, refleurir ses fleurs....
Eva Korb n'est pas triste, elle n'arrive même pas à être en colère...

Quelques jours plus tôt lors d'un léger malaise, elle s'était dit qu'il fallait quand même qu'elle écoute un peu plus son corps, qu'elle change de vie, qu'elle prenne un peu plus soin d'elle, qu'elle surveille...
Mais aujourd’hui à quoi bon ?
Pourtant Eva Korb n'a jamais fait d'excés, sa vie est d'une banalité et d'une platitude exemplaire. Rien d'exceptionnel, d'original. Une vie, une vie comme toutes les autres. Mais que sait-elle de la vie des autres ?

Elle efface les messages laissés sur le répondeur, elle n'a pas envie d'entendre quoi que ce soit.
Eva Korb a froid, un de ces froids de l’intérieur qui saisit le corps, le cœur et l’âme. Elle prépare un café, bien chaud, pour se réchauffer, pour réchauffer l’étincelle de vie qui est encore en elle.
Elle s'isole. Ne veut pas parler, dire, mentir, faire semblant ou pire dire ! Et dire quoi .
« Je vais mourir ? »
Eva Korb ne veut ni de pitié, ni de compassion, ni de regrets, elle n'a pas envie de voir la tristesse et la gène dans le regard des autres
Aprés tout, sa mort est comme sa vie, ça ne regarde qu'elle !
Alors lentement elle retire son trench, prend son téléphone et compose le numéro du cabinet de radiologie... Elle obtient un rendez vous pour la semaine prochaine... Rapide ! Elle n'en revient pas.
Elle pose sur son bureau, l'ordonnance, la lettre pour le spécialiste. Le téléphone, elle n'appelle pas le service spécialisé, ne prend pas de rendez vous. Elle ne peut pas.
Pas encore.
Elle attend ? Quoi ? Eva Korb ne sait pas.
Lentement elle se déchausse, elle se déshabille et enfile un pyjama douillet. Elle a besoin de chaleur. Encore !
Eva Korb ferme la porte, les volets, débranche le téléphone,.
Elle a besoin de l’obscurité, du noir de la nuit en plein jour qui l’enveloppe, la protège, la met à l’écart. Une sorte d'abri, où nul ni rien ne pourra l'atteindre.
Elle a besoin de cet espace, de cette parenthèse, de ce no man’s land.
Une sorte d’isolement, de retrait, de retrait, se mettre un instant au dehors. A l’extérieur de la vie, tout en restant confinée à l’intérieur. Dans son intérieur à elle..
Eva Korb se construit des remparts, une sorte de cocon secret dont elle seule a la clé, seulement elle. Elle n’ouvrira peut-être plus ?

Eva Korb prend son chat, et va se coucher, elle se glisse sous la couette, recroquevillée, pour se réchauffer, non qu'il fasse froid dans sa chambre, mais son corps à froid, son corps tremble, un froid glacial au plus profond de son être, au plus intime de son âme
Eva Korb s'endort. Pour ne plus penser.

vendredi 19 novembre 2010

Les mots

Il lui vient des mots ce matin
Des mots et des mots
Dont il ne sait que faire
Il ne sait comment les assembler
En vrac, en puzzle, dans tous les sens
Des mots en noir et blanc, des mots en couleurs, des mots de toutes les formes
Simples et compliqués
Qui ne veulent rien dire
Des mots tendres et gentils, des mots doux, des mots d'amour
Des mots qui vont qui viennent
Qui ne se laissent pas attraper
Qui filent au fil de sa pensée..

Il essaie de les saisir, au vol, de les voler pour les coucher sur le papier
Il voudrait les retenir, les mettre en ordre
En phrases, en textes, en poèmes, en proses
Les assembler, les réunir, les offrir
Les mots ne se laissent pas faire, ne se laissent pas saisir
Rapides, espiègles, riant, ils n'appartiennent à personne
Libres et librement ils volent dans les airs et le ciel
Attrape moi si tu peux :)
Envole toi si tu veux :)

mercredi 17 novembre 2010

La porte

Ouvrir la porte
Ou pas

Ouvrir les portes devant soi
Ou pas

Pouvoir le décider, avoir cette possibilité là.

Ne pas avoir peur
D'entrer ou pas
Pouvoir, savoir choisir entre toutes ces portes
Là, devant nous
Savoir laquelle, savoir lesquelles
Il faut ouvrir, ou laisser fermer

La vie
Serait-ce ça ?

Etre devant des portes ?
Les ouvrir ou pas ?
Lentement, brusquement, doucement ?
Sans crainte, sans peur, sans bruit ?
Savoir, pouvoir les refermer
Lentement, brusquement, doucement
Sans faire de bruit....
La vie, c'est ça ? C'est pas ça, C'est un peu ça ? Un peu de ça ?
Allez savoir !

Mais il, mais elle aimerait pouvoir aller simplement devant la porte, la porte béante sur hier, autrefois, avant, et la refermer doucement, calmement, mais fermement et dire c'est fini !
Mais il, mais elle aimerait pouvoir aller simplement devant la porte qui s'ouvre sur demain, et l'ouvrir, doucement, calmement, sans crainte ni peur, sourire et dire : Enfin, vive la vie !

lundi 15 novembre 2010

dimanche 14 novembre 2010

L'étrangère 10

Chapitre 10 : Enquéte...

Depuis quelques jours ou plutôt quelques nuits, Marina Skozy mène l'enquête. Elle est intriguée par ces voitures qui passent.
Elle a réussi à repérer les heures de passage. Entre trois et quatre heures du matin, elle ouvre la petite fenêtre de l'entrée pour tenter d'entrevoir quelques chose
Il fait froid, il fait nuit, parfois il pleut, elle ne se risque pas à sortir.

Ce n'est pas facile, il semble que ce soit toujours le même véhicule. Le même circuit aussi !
Elle n'en croit pas ses yeux, mais oui, pas de doute possible, c'est bien chez la voisine, la fameuse voisine, celle qui voit tout qui entend tout, qui parle de tout !
Mais que diable cette voiture vient-elle faire là ?
Mais pourquoi s'arrète t-elle juste prés de la boite aux lettres ?

Marina Skozy regarde, mais ne voit pas, personne ne descend de la voiture, elle ralentit, s'arrete sans couper le moteur. Elle n'arrive pas à voir si le conducteur glisse ou non quelque chose dans la boite aux lettres
Elle ne distingue pas non plus un éventuel passager. Une ou plusieurs personnes ?
Marina Skozy ne sait pas. Puis la voiture repart et s'engouffre dans la voie sans issue du "village". Elle ne la voit pas ressortir
Elle attend, puis retourne se coucher...
Marina Skozy est de plus en plus intriguée... Qu'est ce que ce manège ? Qui sont ces gens et que viennent-il faire ?

Les jours et les nuits passent, elle ne se réveille pas à chaque fois, ses nuits sont plus ou moins émaillées de réveils, pas toujours aux mêmes heures, mais quand par hasard, elle se réveille vers les trois ou quatre heures, elle est témoin de ce curieux ballet
Toujours le même, la voiture descend la rue, roule au pas, freine, stoppe au même endroit.
Il ne se passe rien.
Rien !
Il lui semble que c'est la même à chaque fois, mais elle n'est pas sûre; comment l'être ? Elle ne peut qu'entrevoir à travers l'étroite fenêtre de l'entrée, les volets sont fermés, et elle ne veut pas réveiller la maisonnée
Marina Skozy ne connaît pas suffisamment les marques et les modèles de voitures pour identifier celle-ci.
Elle ne veut pas non plus attirer l'attention sur elle, elle ne veut pas qu'on sache qu'elle sait, qu'elle regarde, qu’elle épie, qu’elle veut savoir, qu’elle a vu, qu’elle se pose des questions.


Une sorte de frisson la parcourt, la vie des voisins, ces autres là, ces autres différents d’elle, qui semblent être quelconque… Mais qui au bout du compte, sont peut-être ?
Mais peut-être quoi ?


En une seule seconde la voilà replongée dans une autre vie, la sienne et celle des autres, sa vie et la vie des autres, pas si différentes, où la vie des autres dépend de la sienne et réciproquement
Les gens ne sont pas ce qu’ils semblent être. Ils ne sont que l’apparence de ce qu’ils souhaitent montrer à voir
Mais les autres, qui les voient se doivent de voir au-delà, au-delà de cette apparence là, de cette image là
Percer les autres à jour, mais à quel jour ?
Et curieusement c’est souvent la nuit qu’il se mettent à jour, levant toute défense, se croyant en sécurité, ou dans l’impunité.
Marina Skozy se sent curieusement excitée par cette étrange étrangeté qui ne lui est pas si étrangère…
Pourtant
Etrangère dans cet univers elle l’est.
Mais justement, cet étrange étrangeté lui permet d’être étrangère à ces autres là… Une qualité exceptionnelle se dit-elle
Un « village » bien mystérieux, sous une apparence si calme….

- « Oui, c'est calme, ici, il n'y a pas vraiment de bruit et c'est agréable ! » souligne la fameuse voisine
- « Ah au fait, vous n’avez jamais entendu une voiture au beau milieu de la nuit, parfois ? », répond-elle innocemment
-« Une voiture ? Non ça ne me dit rien, je n’ai jamais entendu »

Marina Skozy s’excuse presque de ces insomnies, ses insomnies à elles… Qui lui ont permis d’entendre ce bruit spécial, inhabituel, incongru
Ce pavé dans la mare de calme
Dans cet univers où il est sensé ne jamais rien se passer !

samedi 13 novembre 2010

Vivre

Vivre, vivre encore !
Parce que je n'ai pas fini

Il y a encore tant et tant de belles choses à voir
A regarder, à imaginer

Vivre encore
Parce ce n'est pas fini

Il y a encore tant et tant de beaux instants à vivre
A aimer, à attendre, à espérer, à donner

Vivre, vivre encore

Encore un peu, encore un peu de temps, car si peu il me reste
Peut-être ?

Vivre encore, car la vie est un cadeau, une offrande, une chance, un soleil
Vivre, car j'aime la vie, car j'aime être en vie, avoir en vie

Vivre encore car je n'ai pas fini
Fini de l'aimer, fini d'aimer, fini d'espèrer, fini de m'aimer

Il y a tant et tant de choses à faire, à aimer, à donner, à offrir, à partager, à recevoir, à créer
Tant et tant de continents nouveaux à explorer
Je ne veux pas partir, partir si vite, partir trop vite car ce n'est pas fini

Je veux, je voudrai, j'aimerai
Du temps encore pour dire bonjour, dire je t'aime, dire j'aime
Du temps pour...
Aimer la vie, pour m'aimer et avoir avoir en vie !

Mystère


Mystère fragile
A peine dévoilé

vendredi 12 novembre 2010

En rose et bleu

En rose et bleu...
Aujourd'hui
Elle a décidé de voir la vie
En couleurs et en douceur !
Voir la vie en rose et bleu.

Bleu à l'âme et rose aux joues

Elle ne veut plus de la grisaille
Du noir et blanc
Du vent et de la pluie
De la tristesse et des chagrins.

Alors elle voit sa vie en rose et bleu
Des couleurs qui vont dit-elle, très bien ensemble, qui lui vont bien !
Il ou Elle, Elle ou Il du rose et du bleu, du bleu et du rose
Du rose sur ses lèvres, du bleu sur ces yeux

Colorier la tristesse, les vagues à l'âme, les insomnies...
C'est mieux que le gris..
Décalcomanie...

Des couleurs qui dansent et qui se mélangent
Les couleurs de la vie, les couleurs du bonheur !

jeudi 11 novembre 2010

Inutile

Elle est devenue inutile, si toute fois elle a été utile un jour, utile se demande t-elle ?
Elle aime utiliser ce mot utile, qui fait d'elle un objet, qu'on utilise, qui sert, qui sert à quelquechose
A présent qu'elle est inutile, qu'elle ne sert plus à rien, elle est jetée, comme l'objet dont on a plus besoin
Utile, objet, jeter, sont des mots qu'on n'ose à peine utiliser dans cette société où pourtant on jette plus vite qu'on achéte, mais qui pour se donner bonne conscience parle de récupération, de reconversion, de nouvelle vie, de recyclage
Elle, elle se demande comment on pourrait la récupérer, la reconvertir, lui donner une nouvelle vie, la recycler ?


Elle est inutile
Depuis longtemps, même si elle ne voulait pas le voir, si elle refusait de savoir.
Même si elle mentait, mentait aux autres, se mentait à elle même, pour se croire utile, pour qu'ils la croient utile, pour avoir une vie, une vie sociale, une vie avec les autres, une vie parmi les autres, une vie tout court
Mentir, faire croire, dissimuler son inutilité
Voilà quelle était sa vie ?

Une pauvre vie en fait qui ne la comblait pas, qui ne comblait plus l'immense gouffre, vide inoui dans lequel elle se trouve depuis tant d'années
Une sorte de néant, utile à son inutilité ?
A présent elle est lasse....
C'est que c'est douloureux de ne servir à rien, de ne manquer à personne, de ne même pas manquer à soi même !


C'est fou ce que ça fait mal ces choses là, être inutile !

Elle est au rebus, au rebus de la société qui n'en n'a plus besoin. Qui n'en n'a jamais vraiment eu besoin
Elle s'est donné l'illusion qu'elle avait un rôle ! quelle vanité de croire ça, de s'illusionner autant, d'avoir foi en ces utilités là.

Puis elle se demande en fait si les autres sont utiles, si comme elle, ils ne s'agitent pas dans un bocal d'inutilité pour faire croire que leur existence à un sens ?

Que leur misérable vie consiste à jouer un rôle dans le lien social au sein d'une société qui les maltraite, les utilise certes, mais sans qu'ils existent vraiment pour ce qu'ils sont ce qu'ils croient être, ce qu'ils voudraient être


Alors elle se dit, qu'elle vit dans un mirage, qu'on vit dans un mirage, une sorte de monde virtuel ou rien ni tout n'existe vraiment, où rien n'est vraiment vrai, réel, et que l'utilité de l'un et l'utilité de l'autre ne sont qu'illusions
Elle se dit tout ça, et fatiguée et lasse, vaincue par la pensée,
Elle se dit tout ça sourit et laisse enfin tomber le masque !

mercredi 10 novembre 2010

Les derniers jours d'Eva Korb

Chapitre 1 : Nouvelle

Eva Korb va mourir...
Elle vient d'apprendre il y a quelques minutes qu'elle va mourir !
On ne lui a pas dit comme ça, mais ça voulait dire ça
Elle est seule, seule avec cette nouvelle, seule sur le trottoir, seule avec son ordonnance, seule devant ce cabinet médical où le diagnostic vient de tomber !
Eva Korb va mourir
Mourir, elle sait bien que ça doit arriver, mais pas comme ça, pas si vite.
Eva Korb ne sait pas quoi faire, ne sait pas quoi dire, ne sait pas, ne sait plus
Elle tourne en rond, n'a envie de rien ! Caresse son portable au fond de sa poche, se demande qui elle pourrait bien appeler, mais Eva Korb n'a personne à appeler, elle est seule, face à la vie et face à la mort
Aussi
Eva Kork est assommée par la nouvelle, elle essaie de revivre la scène, revoir les moments, réentendre les mots, se demander si elle a tout bien compris, si ce n'est pas le fruit de son imagination, si elle n'a pas inventé
Elle attend, seule au milieu de cette rue piétonne quasi déserte,
Une journée d'automne triste, morose, de la pluie, du vent, une odeur de début d'hiver, de solitude et de mort, prochaine
Eva Korb va mourir, mais ne sait pas exactement quand.. Bientôt, plus tôt que prévu, sûrement, mais y a t-il une bonne date pour ça ?
Faut-il prendre un rendez-vous, comme avec ce médecin, ce radiologue qui confirmera la masse qui se trouve là, pas bien placée
Elle aurait pu faire un effort, quoi ! la masse, se mettre ailleurs, se placer un peu mieux, pour qu'on puisse l'attendre, et ne pas attenter à la vie d' Eva Korb
A la pauvre vie d'Eva Korb !

Pauvre peut-être mais c'est la sienne, et elle l'aime, peut-être un peu davantage, maintenant qu'elle sait que cette vie elle va la perdre
Eva Korb est seule au milieu de ces quelques passants qui n'ont aucune idée de ce qu'elle vit.
Elle serre l'ordonnance, referme son trench, remet son chapeau, pour se protéger du vent...
Elle se sourit amérement.
Elle va mourir, alors pourquoi se protéger, éviter de prendre froid, d'aller bien, de prendre soin de soi.
Eva Korb ne comprend pas, ne comprend rien, la nouvelle est arrivée si vite, sans ménagement, mais les médecins ne s'embarrassent guère de fioritures, de discours et de littérature. Elle se dit que c'est sans doute mieux comme ça, qu'elle n'aurait pas aimé de toutes façons qu'on lui raconte des histoires
Paroles et salades, espoirs et trahisons, souffrances et douleurs..
Et au bout du compte, au bout du satané tunnel, elle est là, elle attend et elle vous prend !
Eva Korb ne veut pas souffrir ! Elle sait ce qu'est la souffrance, elle a tant et tant enduré de douleurs
Eva Korb fait quelques pas, elle ne sait pas trop que faire, elle a en tête les numéros de téléphone qu'il lui faudra appeler en rentrant, pour prendre des rendez vous, pour voir mieux cette foutue masse qui n'a même pas su se mettre convenablement pour ne pas la tuer
Un coup de masse ! De massue, de matraque !

Elle triture son portable au fond de sa poche, et le sort, enfin, elle compose répertoire, la liste se déroule, mais il n'y a personne qui peut entendre ça
Eva Korb est seule, vraiment seule
Elle rentre au hasard dans un magasin, elle erre dans les rayons, rien ne l'interresse vraiment, mais elle est au chaud, il y a de la musique et du bruit, elle n'est pas seule, elle est en vie, parmi les vivants. Encore un peu...
Et puis elle se dit, qu'il faut qu'elle rentre, chez elle, elle ne prendra pas de bus, elle a envie de marcher, pourtant elle est fatiguée, mais elle veut voir ses pas fouler le sol, marcher, arpenter cette côte difficile. Elle en a pour une grosse demi heure pour rentrer chez elle. Et puis il ne pleut pas ! Il lui faut en profiter
Elle sort du magasin.
Eva Korb a envie de parler, elle voudrait entendre quelqu'un ! Une voix amie, une voix rien qu'une voix
Elle se sourit encore à elle même, la seule voix qu'elle aimerait entendre est celle de son chat, mais elle ne peut même pas lui téléphoner, lui dire !

Elle rit, mais sait que c'est terrible cette solitude, qui se résume à son chat !
C'est pour lui qu'elle rentre à la maison, car il l'y attend, pelotonné bien au chaud sur le sofa
Tout le long du chemin elle se dit que si elle ne rentrait pas, elle ne manquerait à personne, personne ne s'inquiéterait.
Sauf son chat !

Délicatesse

Délicate et fragile
Tendre et solide
Rose parmi les roses
Tendresse, amour, amitié, délicatesse...
Aime la vie !

lundi 8 novembre 2010

Lignes

Ligne d'horizon ou de démarcation
Qui marque le début, qui montre la fin
Début et fin d'un monde,
D'un monde qui se meurt, qui meurt de mourir
Qui meurt de vivre libre,
Un monde retors qui se tord

Un monde à tord et à raison..
Un monde à perdre la raison.

La ligne de mire où se rencontrent les inifinis
Un moment, un seul, une seconde,
Minuscule et infime
Magie de l'âme qui se brise au roc de la frustration, de la castration, de la pulsion avortée qui n'en peut plus de mourir
A force de vivre enfermée, emprisonnée, baillonnée

La ligne de vie qui démarque l'horizon qui se mire dans la vie en attendant le dernier soupir,
Qui donnera la limite, dernière, ultime et sans suite


Ligne du temps, ligne d'avenir, ligne de chance, ligne d'amour
Qui se confondent, qui se mélent et se démélent
Sur les champs de batailles, où les chants de guerre
Hurlent à n'en plus finir pour masquer les cris
Qui se perdent en pleurant au dela du ciel
Au fin fond des ténèbres, sombres certitudes d'un avenir incertain qui n'aura pas de lendemain...

samedi 6 novembre 2010

L'étrangère 9

Chapitre 9 : La maison blanche

Marina Skozy s'est toujours cachée. A toujours caché. Aux autres, à elle même surtout.
Se cacher, se taire.. Ici personne ne pourrait comprendre ça, d'ailleurs pense t-elle que pourraient-ils bien comprendre ces gens là.
Marina Skozy ne les comprend pas
Depuis son arrivée dans la nouvelle maison, elle est comme abasourdie, tétanisée par la lumière, les murs blancs, l'espace.
Une maison blanche, immaculée.
Cet espace qui se remplit avec les cartons, les piles de cartons que son mari apporte. Des cartons, des affaires, des meubles qui semblent de trop, incongru ici.
Cela fait mal, cela lui fait mal !
Marina Skozy aimerait que cette nouvelle maison reste vide, reste vierge, qu'il n'y ait rien, plus rien de cet ailleurs qu'elle n'arrivait pas à quitter pourtant
Marina Skozy voudrait que rien ne puisse altérer cette blancheur virginale, nul meuble, nul tableau, rien, du blanc tellement blanc qu’il en fait mal ! Il éblouit les yeux.
Blanc, propre, lisse, neuf…
Une nouvelle vie, elle aimerait être comme cette maison, neuve, sans histoire, sans passé.. Sans rien !

Elle regarde par la fenêtre et découvre le paysage, ce nouveau décor qui sera à présent le sien. Pour combien de temps ? Elle voit pas si loin, ces autres, qui la regarde eux aussi, qui l'épient
Elle déteste ça, alors elle les regarde, elle n’a pas envie de sourire, de leur dire bonjour, d’être aimable.
Qu’ils la destestent, cela la rassure presque ! Cette peur de ces autres là, est dans elle, au plus profond de son être
Marina Skozy se sent menacée par ces présences extérieures.. Ces regards, ces intrusions dans son espace à elle, dans son intimité..
C'est comme si elle se sentait pénétrée au plus profond d'elle même !

Elle s’est toujours sentie menacée, en danger, même si le danger n’existait pas, les autres sont des ennemis, ses ennemis, ils lui veulent dans le pire des cas, du mal, dans le meilleur être son ami. Et d’ami elle n’en n’a pas, elle n’en veut pas, un ami pense t-elle est pire qu’un ennemi, car d’un ami on ne se méfie, et c’est là, c’est là, à cet instant qu’il nous trahit
Trahison, car un ami trahit forcément ! Même si au départ il n’en n’a pas envie.
Marina Skozy est certaine qu’en réalité, son meilleur ennemi est son meilleur ami.
C’est pour elle une question de survie, d’en vie. C’est ce fil tenu qui la maintient en vie… Sur le fil de la vie.

Marina Skozy ne s’attache pas, ne veut pas de lien, pas de passé, pas de souvenirs,
Elle se dit qu’ici personne ne la cherchera, personne ne la trouvera
Elle regarde ces maisons, ces murs qui s’élèvent, ces gens qui passent, ces voitures au loin
Marina Skozy n’aime pas la vie, mais elle n’aime pas davantage la mort
Elle vit parce que c’est ainsi, sans en comprendre vraiment le sens, pourquoi est-elle en vie ?
Pourtant elle a toujours tout fait pour le rester, sans aimer ça,
Pff pense t-elle et passe à autre chose. Ces questions métaphysiques ne la passionnent pas, la vie est la vie, la mort c’est la fin, avant et après il n’y a rien et c’est tant mieux !

Peu à peu elle découvre le rythme, les habitudes de ces autres qu’elle fuit, elle remarque leurs rituels. Marina Skozy s’étonne et s’interroge, ce quartier si calme en apparence ne l’est pas tant que ça !
Des voitures circulent la nuit.. Pour aller où ? Pour faire quoi ? Il n’y a pas d’issue à ce quartier. Qui sont-elles ? Et où vont-elle. Cela l’intrigue, elle aimerait savoir. Par curiosité, distraction ?
Marina Skozy n’en sait rien, peut-être un peu de tout ça…
Elle ne dort pas, pas vraiment, elle dort et se réveille, plusieurs fois dans la nuit, elle se lève, va et vient, écoute les bruits de la nuit. Depuis tout ce temps elle les distingue, les identifie. Mais ici, il lui faut les apprivoiser, les reconnaître. Elle n’est pas habituée aux voitures qui roulent au pas, qui stationnent sans couper le moteur. Qui sont-elles ?

Le lendemain elle demande à son mari si il a remarqué ces allées et venues !
Tu as révé, des voitures ici, en pleine nuit ? Non ce n’est pas possible
Marina Skozy n’insiste pas, elle sait que c’est peine perdue et qu’elle n’aura une fois de plus pas raison. Jamais raison ! Et quelle raison ? Justement il n’y a pas de raison, aucune raison, elle n’aime pas la raison et le raisonnable…

Cascade

Une cascade de roses jaunes
Sourire ensoleillé pour des jours heureux
Le bonbeur et la joie
Une cascade qu'on en vie.

jeudi 4 novembre 2010

En vie

Envie de couleur

Envie de bonheur

Envie de sourire, envie de rire, envie de vivre
De tout cela, en même temps.
Un grand éclat de vie
Elan vers l'amour, l'amitié, la tendresse, la couleur, le bonheur, la joie, la lumière, le soleil
Couleur en couleurs
Feu d'artifices qui claque dans le ciel !
Etoiles qui scintillent
Au fond de son coeur qui ne demande qu'à battre
Car aujourd'hui elle a compris, aujourd'hui elle a compris tout le prix
Le prix de la vie
Alors elle a envie
Alors elle est en vie
En vie !

mardi 2 novembre 2010

Le téléphone

Le téléphone ne sonne pas, il ne sonne jamais
Il ne sonne jamais pour elle.
Pourtant elle a prévenu sa famille

"Ne vous étonnez pas si vous avez des appels pour moi, j'ai donné le numéro à des amis, j'ai bien fait non ? Ca ne vous dérange pas ?"
Elle se sent bien d'avoir dit ça.

Mais le téléphone ne sonne pas
Pourtant elle a donné ses coordonnées, elle a téléphoné, envoyé des mails, repris des contacts
Elle attend les appels
Les appels de ces gens, heureux, soit disant de la retrouver, heureux d'avoir de ses nouvelles.

"On s'appelle, pas de problèmes, donne moi ton numéro à nouveau, j'ai eu des soucis avec mon répertoire"
C'est curieux ces soucis là.. C'est étrange de perdre les coordonnées des gens qui nous plaisent, nous interressent, qu'on aime
Elle a bien réussi à les retrouver elle !

Mais elle met un frein à sa pensée, se dit qu'elle a bien fait, qu'enfin elle va sortir un peu, revoir du monde, avoir une vie, rompre sa solitude...
Alors elle attend ces appels, elle attend que le téléphone sonne.
Mais il ne sonne pas.
Elle pense que tous ces gens sont occupés, mais qu'ils trouveront quand même un peu de temps, qu'ils tiendront parole
Car elle a le sens de la parole, de la parole donnée à l'autre, des promesses.
C'est important pour elle, il s'agit d'un engagement, et elle, elle s'y tient, même si parfois cela lui coûte. C'est ainsi !
Elle pense que les autres sont pareils, qu'ils tiennent leur parole, leur promesse.
Qu'ils se soucient des autres, d'elle
Elle attend qu'ils l'appellent, pour se voir, organiser quelque chose, se rencontrer !
Elle imagine les recevoir, chez elle, dans sa maison, où il n'y a jamais personne
Elle pense à tout ça...
A ce qu'elle leur dira, le plaisir de se retrouver, les nouvelles des uns, des autres, les paroles, le bruit, sa maison animée..
Elle se raccroche à ces pensées là
Elle attend que le téléphone sonne..
Mais le téléphone ne sonne pas
Alors elle retourne à sa solitude
En attendant de prendre elle aussi, le téléphone, après avoir cherché un peu partout, les numéros de ceux, de celles qui décrocheront et lui diront

"Bien sûr que je me souviens de toi, comment tu vas ? Donne moi ton numéro, je te rappelle dés que j'ai un petit moment à moi, tu sais comment c'est.."
Elle donnera encore une fois ses coordonnées
Elle attendra prés du téléphone
Elle attendra que le téléphone sonne
Encore une fois
Et tout recommencera...

lundi 1 novembre 2010

Ensemble

Ensemble roses
Ensemble rose


Le temps...

Elle attend le temps,
Le temps qui passe, le temps qui ne passe pas, pourtant, ne passe pas assez vite
Elle compte les heures, les minutes et les secondes, elle attend...
Elle aimerait que l'horloge s'accelère, que le temps passe, qu'il passe, file à l'ennui, file à l'infini
A l'infini du temps qui passe
Pourquoi ?
Elle n'en sait rien, car elle ne fait rien, elle n'en fait rien, il n'y a rien à en faire, n'a rien à faire, rien à défaire qui ne le soit déjà
Le temps est un ennemi, il ne lui sert à rien, il ne sert à rien
Tous les jours c'est pareil, elle attend qu'il passe jusqu'au lendemain, pour qu'il passe encore au lendemain suivant et encore et encore, sans qu'il ne se passe rien, jamais rien
Elle attend, sans savoir quoi
Elle attend, mais n'attend rien ni personne
Car il n'y a rien, car il n'y a personne.
Le temps est inutile, lui est inutile, elle n'a jamais su quoi en faire, elle le voit défiler depuis des années sans jamais l'avoir attrapé, maitrisé, tissé, accomodé, ravaudé, tricoté
De sa fenêtre elle le voit passer, simplement, seulement passer, lentement, trop lentement
Passent les jours et les semaines elle reste là seule à attendre que quelque chose se passe en sachant qu'il ne peut jamais rien se passer, jamais rien passé, le temps n'a pas de passé
Pas de passé présent, pas de futur passé, rien que du temps qui file, qui se défile si lentement
Spectatrice du temps qui passe, elle n'applaudit jamais, le temps est un mauvais acteur, qui ne surprend jamais, qui ne suspend jamais
Cela fait des années qu'elle regarde ce mauvais film, qui n'a pas de fin, heureuse ou malheureuse
Elle ne ressent rien!
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