lundi 27 décembre 2010

L'étrangère 13

Chapitre 13 : En...Fin de compte.

-« Mais qui peut venir à des heures pareilles et pour faire quoi ? Hein ? Tu as une idée toi ? »
Son mari se perd en hypothèses, en questions, il cherche, s’interroge, excité par un besoin, une soif de savoir, de comprendre, de trouver des réponses
Marina Skozy s’amuse presque de le voir dans cet état là.

-« Un quartier calme, des gens calmes, sans histoires ! »

Marina Skozy ne dit toujours rien, elle sourit :
« Des gens sans histoires, ça n’existe pas, tous les gens ont une histoire, tous les gens font des histoires, racontent des histoires, en font toute une Histoire, c’est l’Histoire qui s’écrit avec la somme de toutes ces histoires de gens sans histoire »

Une histoire ? Comment imaginer cela, ici, dans ce « village », sur cette mauvaise terre, où rien ne se passe vraiment, ou tout passe…
Marina Skozy reste silencieuse, non parce qu’elle n’a rien à dire, mais parce qu’elle a fait le choix de ne rien dire… Dire quoi ?
Marina Skozy sait que les gens ici ne sont pas sans histoire, qu’il faut se méfier de ce qui semble calme, de ce qui parait banal.
Elle sait, elle a toujours su.

Pendant des jours et des jours, elle a observé, elle a enquété, elle a mis bout à bout les événements, avec précision, minutie. Un vrai travail d’orfèvre, du sur mesure, ciselé,
Petit à petit elle a reconstitué l’histoire de ces gens sans histoires.
Elle ne dit rien. Mais elle sait.
Marina Skozy sait que cette mauvaise terre renferme bien des secrets, bien des mystères, qui ne peuvent être révélés. Surtout pas à elle, l’étrangère !
Surtout pas par elle, l’étrangère !
Car étrangère elle est sur cette mauvaise terre, qui ne veut pas d’elle, et dont elle ne veut pas non plus.
Etrangère elle est et restera ; car il ne peut en être autrement, elle ne le veut pas.
Etrangère ici. Seulement ici.
Car on est toujours étranger quelque part, étranger dans un ailleurs, dans un ici qui n’est pas le sien.
Justement…. Ici

Mais étrangère à qui ? A quoi ?
A ces autres là ? Mais eux ne le sont-ils pas ? Etrangers ? Aussi
Etrangers à cette mauvaise terre, dont ils n’ont su que faire, dont ils n’ont su rien faire, cette mauvaise terre qu’ils n’ont su ni apprivoiser, ni comprendre, ni aimer, ni estimer, ni connaitre.
Ils n’ont même jamais pris la peine de s’y arréter vraiment, ils ont pris, pris, ravis, sans ravissement aucun, ni pour eux, ni pour cette terre, qui n’a pu que rester mauvaise, stérile, refusant de se donner pour se préserver .
Alors elle ne leur a rien donné cette mauvaise terre, elle a tout gardé, n’a rien voulu partager, offrir à ceux, qui n’ont pas su s’en montrer dignes..
Dignes de la Terre !
Car il faut être digne, il faut respecter, il faut remercier, reconnaitre, cet Autre là, cette Terre nourricière qui accueille, offre l’hospitalité et sait se montrer généreuse, qui offre des trésors à celui qui sait la prendre… Avec amour.
Ici ? Non. Pas question d’amour, de tendresse, de sentiments.
De senti ment….
Une mauvaise terre qui est restée mauvaise car ils n’ont pas su la rendre bonne, meilleure, généreuse, parce qu’ils n’ont pas su lui donner l’amour nécessaire, la tendresse.
Une rencontre ratée qui n’a pas même pu être charnelle, une rencontre faite de rapports violents et pleins de haine, cette terre qui a été encore et encore, à multiples reprises bafouée ,violée…Saccagée !
Mise à sac, c’est bien ça
Une mise à sac digne de barbares, de monstres et de sauvages…


Ces autres là, sont étrangers, véritablement, réellement, vraiment.
Etrangers aux autres, à eux-mêmes, en exil…. Exilés de l’amour, exilés de la vie, exilés de leur propre existence, en exil d’eux-mêmes
Incapables d’aimer la terre qui leur offre l’hospitalité. Incapable d’aimer, de s’aimer
Ces autres là…. Vils, infâmes, cruels, violents, méchants, traitres, menteurs, pervers, ignobles, capables seulement du pire, et jamais du meilleur…

Marina Skozy les hait, les hait de trop bien les connaitre… De les avoir trop vus pendant ses années d’exil à elle.
Marina Skozy les connait si bien qu’elle pourrait prédire, anticiper leurs paroles, leurs réactions, leur comportement. Elle sait ce qu’il vont dire, comment ils vont se défendre, surtout s’ils ont tords, surtout s’ils sont les agresseurs. Sur tout !
Car ils ne savent pas faire autrement, habiles manipulateurs, ils tentent toujours de retourner la situation en leur faveur.
Pour sûr qu’ils ont répondu, mais, l’autre, n’était-il pas étranger ?
Ce discours combien de fois l’a-t-elle entendu…

Cette mauvaise foi… Une sorte de signature singulière, unique, celle de ces gens là !
Presque plus rien ne l’ étonne !
En arrivant ici, elle pensait avoir côtoyé le pire, l’horreur, tant l’âme humaine était noire. Pourtant, elle découvrait jour après jour que celle-ci pouvait l’être encore bien davantage.
Lorsqu’elle travaillait encore elle rencontrait chaque jour un peu plus d’horreur. Ames noires et lugubres…Mais avaient-ils vraiment une âme ?

A présent que sa mission est terminée, que son exil prend fin Marina Skozy semble retrouver la paix, le calme. Retrouver son âme, son âme à elle…
A présent qu’elle a percé enfin, sondé l’âme de ces étrangers là, elle se sent presque en paix avec elle-même
Alors elle ne dit rien. Elle se sent encore et toujours en territoire ennemi, en danger.
Ses autres là s’ils ne sont rien peuvent être puissants de par leur méchanceté.
Elle a choisi le silence, mais elle sait
Elle sait qui ils sont.
Elle a mis à jour ce qu’ils tentent désespérement de cacher, de taire, ce qui anime leur haine de l’autre, de l’étranger, qui pourrait avec un regard neuf, presque naïf y voir clair du premier coup.
Ces âmes ternes qui ne vivent, survivent et se reproduisent au sein de cette embrouille, qui se vautrent dans le marécage de leur manque de conscience.
Car de conscience ils n’ont pas…
Ils ne peuvent avoir
Marina Skozy sait tout ça, elle a longuement appris tout ça. Expérimenté au sein de ce lugubre laboratoire elle a mis en évidence cette noirceur…
Marina Skozy a décodé, mis en mot, traduit, compris…
Un peu comme une langue, une culture inconnue, ou qui n’existe plus. Comprendre ces gens là !
Marina Skozy ne les a pas aimé d’emblée, elle s’est toujours fiée à son intuition, à sa première impression, s’est maintenue en alerte
C’est à ce prix qu’elle a survécu…
C’est à ce prix qu’elle a reconstitué l’histoire.
L’histoire ? Y a t-il ?
Sans histoire !
Et quelle histoire que tout ça, une misérable histoire, celle de gens misérables, certes !

Marina Skozy sait…
Marina Skozy sait quelle est cette voiture
Marina Skozy sait qui conduit cette voiture
Marina Skozy sait ce que vient faire cette voiture toutes les nuits, à la même heure ou presque
Marina Skozy sait qui est cette voisine bien tranquille
Marina Skozy sait la nature de l’objet…
Marina Skozy ne dira rien, elle en a terminé….
Marina Skozy peut à present s’en aller, s’en retourner
Etrangère en pays étranger, son exil lui parut bien long.. Trop long..
A présent s’est terminé…

FIN

mercredi 22 décembre 2010

De la neige ?

Y aura t-il cette année
De la neige en Hiver
De la neige à Noël ?
***********
La petite fille inquiéte pose la question chaque année
A sa grand mère
C'est les vacances, celles qu'elle préfère
Car elle aime tant l'hiver !

Elle se tient prés de la fenêtre
Guettant....
Espérant voir bientôt
Tomber la neige
Elle a besoin de ce tapis blanc
De ces flocons qui recouvrent le jardin, les toits, les routes, les prairies, la rivière, les fleurs,
Qui enveloppe d'un beau manteau son paysage familier, son univers
Le protège, le plonge dans un long sommeil
Tout est ralenti, les jours, les nuits, la vie
Neige, froid et gel, c'est l'hiver
Il faut de la neige à Noël...
Elle attend ces flocons, ce ciel couvert
*************
Aujourd'hui, la petite fille devenue grande
Ferme les yeux,
Toujours
De sa fenêtre de l'exil
Elle se demande encore s'il y aura de la neige à Noël
Si cette terre inhospitalière
Se recouvrira elle aussi de ce tapis magique.
Elle ferme les yeux, et viennent les souvenirs
De l'enfance et les couleurs grises et blanches
De ces jours si heureux de l'insouciance...
Viennent le froid, l'hiver et la neige..................................

dimanche 19 décembre 2010

Ce matin

*******
Ce matin au réveil
J'ai mis un peu de soleil
Au fond de mon coeur
Tout prés de mon âme
Un soupçon de lumière
Pour tout ceux que j'aime
Ce matin au réveil

***********

mercredi 15 décembre 2010

De l'autre côté du Mur 2

De l'autre côté du mur
Il y a sa vie
***********
Une partie de sa vie qui est restée
Gravée à tout jamais
Et pour toujours
Sur les pierres du mur
Mais aussi et surtout au fond de son coeur
...................................................

Toute sa vie elle sera de l'autre côté du Mur
Même si ce mur n'existe plus
Même si ce monde n'a plus de sens
Plus d'existence
Plus d'essence
*******

De l'autre côté du Mur
Il y a son enfance
Une enfance laissée là, en ruines pour toujours
Une vie qui n'a plus guère de sens
Car qui peut aujourd'hui comprendre....
De l'autre coté du Mur
Il y a sa vie, son coeur et son âme
Sa langue qu'elle chérit, qu'elle aime, qu'elle parle, qu'elle rêve
La seule qui a du sens
La seule qui donne du sens
A sa vie qui se vit, qu'elle vit sans trop grande envie
A présent
De l'autre côté du Mur
Du Mur qui n'est plus

Plus seulement présent que dans son coeur
A elle, mais aussi, celui de ses frères et de ses soeurs
Orphelins de la vie, amputés d'une partie de leur âme, détruits et meurtris mais qui s'attachent encore à la souffrance, au manque et à la douleur
De l'autre côté du Mur.

L'étrangère 12

Chapitre 12 : Marina Skozy

La vie des autres ?

Finalement en quoi cette vie là peut-elle être d'un quelconque intéret ?

Marina Skozy n'en n'est pas convaicue. Et puis elle est lasse, fatiguée, elle n'a pas vraiment envie de savoir qui est qui et pour quoi ?

La vie s'écoule, sans incident, il ne se passe rien, rien d'exceptionnel. Il ne se passe jamais rien.

Si elle continue à se réveiller la nuit, elle n'entend plus la voiture, ou les heures ne sont pas les mêmes.
Elle ne regarde même plus l'horloge, ne fait plus attention, se lève, tourne un peu dans la maison, va voir le chat, boit un verre d’eau et se recouche.
Elle tente de se rendormir, entend des bruits de moteur, mais ne se relève pas. Elle veut dormir, essayer de dormir, encore un peu.
Ses nuits sont difficiles, de plus en plus difficiles.
Marina Skozy se sent lasse de tout ça !

- "Tu as entendu ce bruit cette nuit ?"
- "Non, quel bruit ?" demande t-elle innocemment.

Et son mari de décrire les allées et venues d'une voiture qui n'est pas du quartier au beau milieu de la nuit.
- "Elle s'arréte chez la voisine, devant sa porte, il n'en sort personne, j'ai observé, je suis resté le temps qu’il fallait. Elle reste un certain temps, le conducteur ne coupe pas le moteur, je ne sais s’ils sont plusieurs, je n’ai pas pu voir ce détail. Il ne se passe rien, puis une main dépose quelque chose dans sa boite aux lettres.. J'ai entendu le bruit d'un objet.. Au fond de la boite...."
Une sorte de clic, clac, un objet metallique, peut-être.

Marina Skozy ne dit rien ! Il y a encore quelque temps, elle aurait bondi de sa chaise, lui aurait répondu "tu vois, tu ne me croyais pas, tu vois..."

Non, Marina Skozy ne dit rien, ne bronche pas, elle reste silencieuse mais sourit intérieurement, elle est fatiguée, lasse de ces scénarios qui se répétent depuis des années. Résignée
Cela fait si longtemps qu’on ne l’écoute pas, qu’on ne l’entend pas, qu’on ne prete pas attention à ce qu’elle dit.
Un peu comme si elle n’existait pas, comme si elle était transparence.
Un espace, une place encore que même au sein de sa propre famille on lui refusait.

Parfois on se moquait des ses intuitions, de ses « prédictions » qui se réalisaient tôt ou tard mais qui avaient bien lieu
Elle avait ce don de pressentir les choses, les événements, de les voir venir avant tout le monde de deviner les questions et de donner les réponses avant même que les gens aient eu le temps de formuler quoi que ce soit
Agacante, arrogante,intolérable, c’était.. C'était ainsi qu'ils la ressentaient
Et elle se sentait étrangère, encore, encore une fois
Etrangère car étrange !

Pourtant… Marina Skozy savait…Cela aussi

Une espèce de Cassandre des temps modernes. Comme sa sœur des temps Anciens elle était raillée et méprisée..
Elle s’en était accommodée, de cela aussi, résignée.
La vieillesse peut-être ? La sagesse.
Cela la faisait sourire. ..
Alors elle avait choisi le silence, et elle en dit rien… Ne dit plus rien, étrange silence ! Etrangeté de ce silence, elle reste étrangère, là aussi…

lundi 13 décembre 2010

Rosée

Une gouttelette, la rosée du matin, fraîche
Une goutte d'eau
Une goutte de pluie
Pluie fine et délicate
Sur les feuilles vertes et
Les pétales roses
De la jolie rose !

samedi 11 décembre 2010

De l'autre côté du Mur

De l'autre côté du mur
De l'autre côté d'ici
Dans un ailleurs inconnu
Dans un monde qui n'existe plus
******************
Elle vient de l'autre côté du mur
Du Mur
Du silence, du froid, du non dit, du mal dit, du mot dit, du maudit.

******
Elle vient, elle est, elle reste dans son coeur, dans son âme
De l'autre côté de ce Mur
Qui n'est plus, qui fait que son monde n'existe plus.

Cet ailleurs devenu nulle part,
Devenu Histoire
Lui manque parfois souvent, parfois, quelque fois...
...........................................................

Nous venons tous de l'autre côté du mur, nous avons tousen nous cet autre côté du mur, que nous ne soupçonnons pas, que nous ignorons, que nous maintenons dans une ombre qui nous convient, qui nous permet de vivre et d'exister
Ce Mur qui nous protége, nous aide à voir le monde autrement, tel qu'il n'est pas vraiment, forcément
*********
Mais nous ne le savons pas
..................
Elle vient de l'autre côté du Mur...

vendredi 10 décembre 2010

Les derniers jours d'Eva Korb

Chapitre 3 : Face à soi


Eva korb se réveille, elle ne s'était pas assoupie, mais endormie, vraiment. Une bonne heure !

Son chat est prés d'elle, il est resté là sur la couette, à ses côtés, il ronronne, somnolant lui aussi, ravi de cet intermède.

Eva Korb se réveille doucement. Elle est réchauffée, un peu assommée... Elle n'a pas l'habitude de s'endormir ni de se coucher dans la journée. Tout est sombre dans la pièce. Les volets fermés... Une nuit en plein jour !
Elle hésite, ne sait que faire ? Rester ici, dans son lit, ne pas bouger, s'endormir à nouveau... Se lever ?

Alors elle se lève...
Tremblante, chancelante...
Elle se dirige vers son bureau....
L'ordonnance, les enveloppes la rappellent à la réalité. Non, ce n'est pas un cauchemar, elle n'a pas révé, c'est vrai, réel, ces événements se sont bien passés...
Le réel, ce difficile retour au réel !

Tout revient en bloc, le médecin, la masse, mal placée, le rendez vous ,les scanners, le spécialiste

Eva Korb va mourir !

Le sommeil, cette parenthèse dans l'obscurité, prés de son chat.... Rien ! Rien qu'une mise à distance..Un leurre...
Même pas du temps gagné, du temps volé...
Eva Kork se laisse choir dans un fauteuil, regarde autour d'elle !
Puis saisie d'une inexplicable énergie elle prend l'aspirateur, range, nettoit. Il faut que la maison soit propre !
Pourquoi ? Elle n'en sait rien.

Mais elle se sent bien, mieux, elle a faim ! Elle se prépare un '"en cas" et se dirige vers son bureau...
Du travail !
Cela la rassure un peu. Des choses à faire pour plus tard, un avenir autre que sa propre mort, peut-être, mais pour combien de temps ?

Elle décroche son téléphone appelle sa fille, elle a besoin d'entendre une voix, une voix qu'elle aime.Une voix familière. Elle aimerait dire :
"Je vais mourir, j'ai peur.. "raconter ce rendez vous, partager.

Eva Korb aimerait qu'on s'occupe d'elle, qu'on la prenne en charge.. Ce "on" ?
Alors elle se met à rêver sur ce "on". Un "on" imaginaire qui la dorlotterait, l'écouterait, l'entendrait, lui préparerait des petits plats, prendrait ses rendez vous chez ces spécialistes, chercherait des remèdes, l'accompagnerait, lui tiendrait la main, la rassurerait, l'écouterait pleurer, se plaindre, gémir, dire qu'elle ne veut pas mourir, pas encore, pas maintenant, qu'elle n'est pas prête
Un "on" qui négocierait pour elle, marchanderait du temps, des années, parce qu'elle n'a pas fini, pas fini de vivre, pas fini de faire, pas fini d'aimer.
Un "on" qui expliquerait tout ça...
Qu'il reste encore des années, du temps, qu'elle voudrait vieillir !
Eva Korb se trouve trop jeune pour mourir. Mais y a t-il un âge pour ça ?
Juste ? Injuste ? Quel avenir ? Quel destin ? Qui décide ?
Eva Korb se regarde dans la glace, et imagine des rides, elle qui était terrifiée à la vue d'un cheveu blanc, elle aimerait tant.
Une vieille femme !
"J'aimerai devenir une vieille femme " dit elle tout haut !

Sa fille lui répond, elle est malade, encore un petit mal de gorge, car elle ne s'était pas couverte comme toujours, ne savait pas qu'il allait pleuvoir, a oublié son parapluie... Sa gorge la géne.. Elle se sent fatiguée, courbaturée, devra prendre encore du paracétamol...
Eva Korb reste sans voix, il lui faut la consoler, lui dire comment se soigner, la rassurer...
Cette petite angine, sans gravité semble terrible...! Comme si le monde allait s'effondrer. Et puis cette nouvelle paire de chaussure...Et ce petit pull qu'elle a vu en vitrine ? Bleu ou noir ? Elle ne sait pas ? Peut-être les deux ?
Sa fille ne lui demande pas comment elle va. Car elle ne peut qu'aller bien.
Eva Korb ne parle pas d'elle, l'embrasse et raccroche !

Comme elle aimerait elle aussi n'avoir que ce dilemme ? Se demander quelle jupe elle va acheter ?
Comme cela lui parait doux ! Cette futilité, cette douceur de vivre...

Seule ! Eva Korb est seule jusqu'à la fin de la semaine, son mari est à Londres pour le travail, elle ne peut pas lui parler de ça !
Pas par téléphone ! Elle ne sait même pas si elle peut parler de ça, même de vivre voix ! Même à lui !
Comment elle pourrait lui dire ça ?
Comment en effet répondre aux autres qui vous demandent : bonjour, ça va bien ?"
"En fait non, je vais mourir..."
Ca ne se dit pas, "je vais mourir" c'est impoli, indécent !
Elle imagine leur tête à ces gens innocents, à ces gens bien élevés qui croient bien faire !
Leur tête, leur mal aise...Leur embarras !
Alors elle ne dit rien.

Ce terrible secret lui pèse, il est vraiment trop lourd pour elle ! Eva Korb aimerait déposer un peu de ce fardeau quelque part, mais où ?
C'est là le noeud !
Eva korb voudrait arréter n'importe quel inconnu dans la rue et lui dire, "je vais mourir"...
Comme ça, le dire seulement, mettre l'autre dans le coup
Dans ce sale coup là, ne plus être seule en quelques sorte.. Qu'il y ait au monde un autre, des autres, des inconnus qui soient dans le coup, qui savent, qui connaissent son secret
D'autres que ce médecin qui s'en fout, car elle n'est pour lui qu'un numéro de dossier, une masse mal placée qui le met, lui savant, en échec
Elle la mauvaise, pas même fichue d'avoir une masse bien placée qui pourrait guérir, flatter l'égo professionnel de ce praticien qui se sentirait alors utile, indispensable, qui l'accompagnerait, lui délivrerait des ordonnances, des drogues... Des conseils
Mais là ? Que dire ?
D'ailleurs il était sans mot, il l'a congédié...Avec une lettre quand même, pour un autre, mais pour quoi ?
Eva Korb se met à aimer les inconnus, ces inconnus qui passent...

Elle allume la TV, rien d'interressant mais la solitude lui pése trop, elle a besoin d'une présence... D'une sorte de fond sonore ! Elle ne se sent pas le courage de mettre un disque, choisir une musique, elle s'en remet à l'autre, encore, aux autres, aux émissions de télé.. Ordinaires.
Elle se met à son bureau mais n'arrive pas à travailler, pourtant !
Eva Korb ne peut rien faire. Elle allume son ordinateur...

mercredi 8 décembre 2010

mardi 7 décembre 2010

Partira

Se dit qu'elle partira
Qu'elle partira un jour
Qu'elle partira bientôt

Cela fait si longtemps qu'elle se dit ça
Parfois même elle se dit qu'elle ne partira pas
...............................................
Qu'elle est bien là
Pour toujours !

Se dit qu'elle partira
Maintenant bientôt
C'est une question de temps
Une question de jours

Se dit qu'elle partira
Sa vie est ailleurs
En tous cas, pas là
.............
Partira ? Partira pas ?
Elle n'est plus là depuis longtemps
Son coeur, son âme n'ont jamais épousé cette mauvaise terre
Ce mauvais endroit, ce mauvais air

Se dit qu'elle partira
C'est une question de jours
De jours seulement de jours
Ailleurs et maintenant !

dimanche 5 décembre 2010

Tristement

Elle regarde tristement par la fenêtre
...........................
La neige s'en est allée !
Rien, plus rien, il ne reste rien
Du beau tapis blanc dehors,
Dans le jardin.

Tristement, elle se penche à la fenêtre
Il pleut, inlassablement, il pleut
Comme toujours dans ce pays, de vent et de pluie
Sans printemps ni automne

Un instant, un court instant,
Elle était redevenue Elle
.........................................................................
Les flocons, le ciel poudreux
La neige blanche
Lui avaient rendu un peu d'espoir
De gaité, de bonne humeur
Ils avaient rallumé cette petite lueur
Vacillante au fond de son coeur
Mais toujours là,
Bienveillante et dormante
..............

Un instant, un seul
Elle avait fermé les yeux
S'était laissée bercer par le paysage
Portée bien loin
Bien loin d'ici, de ce pays qui n'est pas le sien
Bien loin de sa souffrance, de son étrangeté, de sa différence
Si loin enfin de son exil !

samedi 4 décembre 2010

Pour de vrai

Il est mort pour de vrai
Personne ne viendra le réveiller
C'est pas comme dans un film !
C'est la vie
..............................
La vie en vraie
Tuer n'est pas jouer
Il est mort pour de vrai
Personne ne viendra le relever
C'en est fini pour lui
Sa vie est partie
................................................................
Elle est derrière lui
Il est mort pour de vrai !

jeudi 2 décembre 2010

Qui ?

Ce que lui renvoit le miroir
Ne lui plait pas
Elle détourne le regard et s'en va

Ce qu'elle voit dans le miroir
Elle ne le reconnait pas

Ce visage là ?
Qui est-il ?
Elle ne le sait pas

Ce que lui montre le miroir
Ne ressemble pas
A l'image qu'elle se fait
...............................................................................................
D'elle

Mais qu'elle représentation a t-on de soi ?
Peut-être
Ne le savons nous pas ?

mercredi 1 décembre 2010

Froid

Il fait froid dans son coeur
Il neige sur son âme

Pas même une étincelle d'espoir
Ni une étincelle de bonheur

La nuit noire et sans lune
Le jour sombre est sans soleil
Rien ne vient éclairer
Sa vie terne et sans couleur

Il fait froid dans son coeur et dans son âme
Il neige sur son âme et sa douleur

Face à son être seul, face au miroir
Aucune parole, aucun sourire
Ne peuvent lui rendre l'espoir
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