mercredi 15 décembre 2010

L'étrangère 12

Chapitre 12 : Marina Skozy

La vie des autres ?

Finalement en quoi cette vie là peut-elle être d'un quelconque intéret ?

Marina Skozy n'en n'est pas convaicue. Et puis elle est lasse, fatiguée, elle n'a pas vraiment envie de savoir qui est qui et pour quoi ?

La vie s'écoule, sans incident, il ne se passe rien, rien d'exceptionnel. Il ne se passe jamais rien.

Si elle continue à se réveiller la nuit, elle n'entend plus la voiture, ou les heures ne sont pas les mêmes.
Elle ne regarde même plus l'horloge, ne fait plus attention, se lève, tourne un peu dans la maison, va voir le chat, boit un verre d’eau et se recouche.
Elle tente de se rendormir, entend des bruits de moteur, mais ne se relève pas. Elle veut dormir, essayer de dormir, encore un peu.
Ses nuits sont difficiles, de plus en plus difficiles.
Marina Skozy se sent lasse de tout ça !

- "Tu as entendu ce bruit cette nuit ?"
- "Non, quel bruit ?" demande t-elle innocemment.

Et son mari de décrire les allées et venues d'une voiture qui n'est pas du quartier au beau milieu de la nuit.
- "Elle s'arréte chez la voisine, devant sa porte, il n'en sort personne, j'ai observé, je suis resté le temps qu’il fallait. Elle reste un certain temps, le conducteur ne coupe pas le moteur, je ne sais s’ils sont plusieurs, je n’ai pas pu voir ce détail. Il ne se passe rien, puis une main dépose quelque chose dans sa boite aux lettres.. J'ai entendu le bruit d'un objet.. Au fond de la boite...."
Une sorte de clic, clac, un objet metallique, peut-être.

Marina Skozy ne dit rien ! Il y a encore quelque temps, elle aurait bondi de sa chaise, lui aurait répondu "tu vois, tu ne me croyais pas, tu vois..."

Non, Marina Skozy ne dit rien, ne bronche pas, elle reste silencieuse mais sourit intérieurement, elle est fatiguée, lasse de ces scénarios qui se répétent depuis des années. Résignée
Cela fait si longtemps qu’on ne l’écoute pas, qu’on ne l’entend pas, qu’on ne prete pas attention à ce qu’elle dit.
Un peu comme si elle n’existait pas, comme si elle était transparence.
Un espace, une place encore que même au sein de sa propre famille on lui refusait.

Parfois on se moquait des ses intuitions, de ses « prédictions » qui se réalisaient tôt ou tard mais qui avaient bien lieu
Elle avait ce don de pressentir les choses, les événements, de les voir venir avant tout le monde de deviner les questions et de donner les réponses avant même que les gens aient eu le temps de formuler quoi que ce soit
Agacante, arrogante,intolérable, c’était.. C'était ainsi qu'ils la ressentaient
Et elle se sentait étrangère, encore, encore une fois
Etrangère car étrange !

Pourtant… Marina Skozy savait…Cela aussi

Une espèce de Cassandre des temps modernes. Comme sa sœur des temps Anciens elle était raillée et méprisée..
Elle s’en était accommodée, de cela aussi, résignée.
La vieillesse peut-être ? La sagesse.
Cela la faisait sourire. ..
Alors elle avait choisi le silence, et elle en dit rien… Ne dit plus rien, étrange silence ! Etrangeté de ce silence, elle reste étrangère, là aussi…

Aucun commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...