jeudi 21 octobre 2010

L'enfant

Elle est là ! En l'espace d'une seconde elle comprend l'horreur, le drame.. Il n'est plus là
L'enfant a disparu !
Elle n'a pas vu, elle n'a rien vu, elle n'a rien entendu...

Il était dans le jardin, seul, comme chaque matin, avant que le soleil ne chauffe trop fort..
Comme chaque matin après le petit déjeuner, l'enfant joue dans le petit jardin, près d'elle !
Elle était dans la maison, à côté, pas loin pourtant

Elle n'a pas fait attention
Elle savait que l'enfant jouait sans faire de bruit, tranquillement

Et puis brusquement elle s'est rendue compte en ouvrant un volet que la porte du petit jardin était ouverte !
Là béante, comme ça !
L'enfant ne peut pas ouvrir cette porte, il est trop petit, il ne peut pas
Qui ?
Alors en l'espace d'un instant elle comprend que lui... IL ! Il n'a pas fermé cette porte !
Il est rentré avec les courses.. Il a encore du oublier ! Pensé à autre chose....Encore !
Comme d'habitude !
Inconscient ! Irresponsable...
Elle n'en peut plus, elle doit tout surveiller, elle doit tout regarder, elle est fatiguée
Mais elle se reprend !
Il faut retrouver l'enfant
Cet enfant qui s'est échappé, qui est parti... Où
Elle crie, elle appelle, elle l'appelle, elle court, elle ne prend même pas la peine de se chausser, elle enfile rapidement un vieux pardessus, et part à sa recherche
Elle part, sans savoir où
Il arrive, souriant, heureux, content, il lui demande ce qui se passe

Elle se retient de ne pas l'insulter, de ne pas le giffler

Elle hurle que la porte était ouverte, que l'enfant n'est plus là, que l'enfant est parti
Alors, il part, n'importe où, appelle l'enfant. Va, vient sans trop savoir où aller
Ils sont là tous les deux errants dans les ruelles, dans les rues et les terrains vagues
Une vieille femme leur dit qu'elle a vu un enfant aller vers la route

Cette route où passent tant de voitures !
Elle se dit que plus jamais elle ne reverra l'enfant, qu'il est perdu, mort, volé, enlevé, kidnappé
Elle crie, elle hurle elle court dans toutes les directions, elle ne sait pas où il a pu aller
Elle est livide, mais se dit que ce n'est pas possible, pas possible encore ! Pas possible de perdre un enfant encore !
Encore à cause de lui, à cause de son inattention, à cause de sa mémoire qui fout le camp, à cause d'une mémoire qui n'a jamais été là vraiment, parce qu'il pense toujours à autre chose
Elle se dit que non plus jamais ça, ca jamais !
Elle se dit qu'elle n'y survivra pas, qu'elle ne pourra pas, qu'elle ne pourra plus

Elle le hait, le desteste, le maudit
Elle sait que ça ne sert à rien
Elle est hagarde, abattue, affligée, résignée !
Elle ne peut même pas pleurer, les larmes restent sourdes à sa douleur



Son coeur déjà fragile bat la chamade, il cogne fort, il tape, il frappe, mais elle n'en tient pas compte, n'écoute rien, ne l'entend pas.. Elle sait qu'elle peut mourir, mais ça ne fait rien, si elle doit ne plus jamais revoir l'enfant
Il est loin, elle le voit s'éloigner, elle se demande où, où peut-il bien aller, à la recherche de cet enfant, disparu, évoporé, enlevé, perdu
Alors elle rentre, fatiguée, lassée...
Une dernière fois elle appelle l'enfant...
Elle entend un bruit, une voix, loin, ce n'est pas lui....
Elle arrive péniblement à sa maison, à son petit jardin, là où l'enfant jouait...
Elle voit une femme devant le portail, cette porte ouverte que l'enfant avait emprunté
Elle voit une femme qui dans ses bras, contre son coeur serré,
Tient un enfant
Tient l'enfant !

2 commentaires:

castor a dit…

Un très beau texte.

Les nouvelles d'Arsel a dit…

Merci Castor, cela me touche, que vous ayez lu, que vous ayez laissé un commentaire, c'est important de savoir ce que pensent ceux qui lisent ou qui passent seulement par là. A bientôt

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