vendredi 8 octobre 2010

L'étrangère 4

Chapitre 4 : Proche départ

Son mari a commencé le rangement, les cartons
Marina Skozy est dans son canapé ne fait rien, elle fait mine de lire un livre, mais en réalité, les mots dansent, seulement devant ses yeux, elle pensait qu'ils l'empêcheraient de penser, mais non, elle pense.
Elle pense à ce départ futur, encore un, se dit-elle, effrayée à la pensée qu'il sera peut-être le dernier
"Je ne veux pas mourir ici, sur cette terre, dans ce pays que je hais, je veux mourir chez moi..."

Mais elle n'a plus de chez elle. Il y a quelques années, son dernier espoir d'y retourner s'est évanoui, elle a vendu la maison de ses parents, de sa mère plus exactement
La maison d'une mère qui ne l'a pas aimé, la maison où elle est née
Une maison qui n'était même pas tout à fait la sienne, puisque son frère !
Son frère, elle ne le voit plus, ne l'aime plus, il l'a trahit, lui aussi, l'a volé, lui a pris sa mère, sa maison, ce qui lui revenait au moins un peu, en partie
Il s'est incrusté, lui qui n'est pas parti, il a pris la mère, l'amour de la mère, l'argent de la mère...
Elle n'a plus rien, si toutefois elle a eu

Drôle de vie que celle de Marina Skozy, mais elle ne s'en plaint pas, c'est une vie et c'est la sienne, elle ne regrette rien, c'est justement pour cela qu'elle aime cette vie là, même si parfois elle se dit qu'elle est en partie ratée
Mais elle ne doit rien à personne, Marina Skozy, ce qu'elle est, elle ne le doit qu'à elle,
Elle s'accommode de pas mal de choses, sait s'arranger avec sa conscience quand il le faut... Se moque de ceux qui vivent dans la culpabilité, les remords et les regrets
Il n'y a pas vraiment de place pour le passé, l'enfance et ce qui n'a pas été fait. Marina Skozy s'en moque, elle avance dans la vie, comme on avance sur un champ de batailles
D'ailleurs sa vie est un peu un combat, un match, qu'elle gagne ou perd, mais jamais sans avoir combattu

Elle déteste ceux qui courbent l'échine, qui sont victimes, qui perdent et se plaignent...
Elle ne les comprend pas, et n'a aucune pitié, aucune compassion pour eux
"C'est marche ou crève, alors comme il n'est pas question que je crève, du moins tout de suite, je marche"
C'est un peu sa devise
Elle ne lui réussit pas si mal, car elle se dit parfois qu'elle en a fait du chemin, qu'elle a bien grandi.
Combien comme elle aurait fini dans les asiles, sur les divans des psys, ces charlatans qui prétendent guérir les plaies de l'âme...
L'âme ! Il en faut du temps à perdre pour songer à tout ça, et le temps, Marina Skozy n'en n'a pas vraiment, pas vraiment pour ça..
Pourtant, elle est songeuse, et n'a guère envie d'emballer ses affaires, de remplir des cartons
Elle n'aime pas les départs, ça l'angoisse et la rend folle, laisser quitter, abandonner, comme elle l'a été enfant,
Elle sait bien qu'elle a cette peur en elle, la cache, ne la montre pas, c'est sa faiblesse, pourtant, il faut partir et elle doit s'y mettre

La maison nouvelle avance, elle commence à prendre forme.
Elle n'y va plus que rarement... Elle n'a plus guère le moral...

Elle n'ose plus trop envisager ce départ là, Marina Skozy a du chagrin, une peine immense...

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